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LA CROIX-ROUGE



21 novembre 1914.


L’armée n’est heureusement à l’œuvre que sur une petite, quoique importante encore, partie du territoire, mais il est une institution, souvent militaire, souvent purement civile, que l’on voit travailler jusque dans les moindres bourgades de France : c’est la Croix-Rouge. Les hommes tuent et se font tuer, les femmes soignent les blessés. À chacun sa besogne. Pour être moins périlleuse, la seconde n’est pas moins noble. C’est le moyen qui leur est donné de participer à la tâche souveraine : elles en pourraient être fières, si d’autres sentiments ne les pressaient en ce moment. La Croix-Rouge ! Que serait, aujourd’hui, une telle guerre, si la Croix-Rouge n’existait pas ? Et pourtant, elle a eu un commencement. La bataille de Solférino s’est encore déroulée, a entassé des monceaux de pauvres blessés sans que la charité privée ait eu l’idée de venir à leur secours. Alors, je pense au Génevois Dunant, à cet homme de bien auquel tant de malheureux soldats