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qu’avec honte. Je me souviens d’avoir lu à ce sujet dans une revue kantienne une discussion bien amusante. D’accord avec ses conclusions (Kant était un logicien épouvantable), il s’astreignit à une virginité, tempérée par des exercices solitaires, qui le mena froidement au dédain des autres plaisirs terrestres, le vin excepté, pour lequel il avait un certain penchant. Sa philosophie, à laquelle on a voulu donner un caractère d’universalité, est, bien au contraire, celle d’un vieux garçon allemand et se présente comme anti-sociale, sauvagement égoïste. Kant est un cénobite barbare et sans rayonnement, sans bonté. Il y avait cependant des fenêtres à son esprit. Il eut de l’enthousiasme pour la Révolution française et la seule fois qu’il sortit de Kœnisberg, ce fut pour aller au devant du courrier de France.