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L’éden que je prétends élire
n’est pas plus vaste que mon cœur :
j’y vois des lacs bleus où se mire
mon regard, en joie ou douleur,
soit que la brume ou la liesse
avive ou voile leur tendresse,
lacs si profonds qu’on y peut voir
le jour, le matin et le soir,
ciel qui s’éteint, ciel qui s’enflamme :
et je contemple en ce miroir
l’éden que je veux pour mon âme.


Mousses dont la blondeur attire
vers le charme de leur fraîcheur ;
Source où tout deuil et tout martyre
n’est plus que joie et que douceur,
fontaine d’extase et d’ivresse,
ô réconfort de la détresse,
apaisement du désespoir,