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ne vous fasse pas une nouvelle peine en vous écrivant ceci, je n’ai que ce que je mérite et je voudrais souffrir cent fois plus, comme châtiment.

Avoir mis une tristesse dans vos yeux, une dureté dans votre regard, une contraction dans vos lèvres, de l’ironie dans vos paroles, de la raideur dans vos gestes, de la froideur dans vos mains chères ! Ainsi je vous ai été odieux, haïssable pendant un instant, au moins ? Peut-être, pourtant, avez-vous été un peu dure, ma chère âme, peut-être auriez-vous pu me laisser partir sous une impression moins déprimante, je m’exagère si facilement les côtés attristants des choses. Mais je sais aussi que cela a été tout à fait spontané chez vous et involontaire. Vous pouviez dissimuler, vous en avez la force, je préfère que vous vous laissiez aller à vos impressions, dussé-je en souffrir, et, si vous le permettiez, orgueilleuse, je vous en saurais gré.