Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il est rayon, il est parfum, il est rosée.
Il a des feux d’étoile et des phosphorescences
plus douces que la lune dans la nuit argentée :

lueurs comme on en voit présager la naissance
et les splendeurs encore confuses de l’aurore ;
éclat tout plein de grâces, mélancolies, pimpances.

Il est rayon, il a dans son écrin les ors,
les violets, les roses, les bleus, les améthystes,
les sinoples royaux, les vairs de cyclamor ;

les couleurs, mais surtout les nuances : les tristes,
ces fleurs décolorées par l’excès des soleils ;
les joyeuses, ardeurs dont la gamme s’irise ;

les blancs trempés un peu de chair ou de vermeil,
les outre-mer, ces rêves, et les glauques divins
dont on faisait les yeux moqueurs des immortels.