Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rer les parfums diffusés le long du sentier ; lents et ralentis à la volonté du plaisir qui fait l’école buissonnière par monts et par vaux : —

— Quel sera notre joueur de flûte ?

III. — L’aveugle désir a des voies droites ; il marche d’un train rapide. Aux yeux un bandeau qui lui voile le monde réel, il court haletant, le front en avant, vers l’infini qu’il n’atteindra jamais ; éternelle illusion, éternellement renouvelée. Pour noter la course décevante du désir, —

— Quel sera notre joueur de flûte ?

IV. — Le plaisir est humain et divin ; il est spirituel ; ce n’est pas un instinct qui le domine, il a une âme. Il n’est pas égoïste et même ne s’épanouit qu’en autrui. La chair ne frissonne qu’aux frissons de la chair ; le plaisir ne vit que du plaisir qu’il donne. Pour chanter cette chanson charmante, cette enivrante chanson, dis, ô, mon amie.