Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En haut le front des arbres secoue un peu sa chevelure à un léger et lent coup de vent. Le ciel pommelé se reflète dans l’eau très limpide.

Enervant, le silence est dominé, des fois, par le mugissement d’un bœuf.

Je pense à peine, un peu en torpeur, avec assez de lucidité, cependant, pour noter par à peu près ce que je vois et ce que j’entends.

Quelle amusante dînette on ferait là et quelle amusante baignade dans cette sorte de petit bassin, Diane dont je serais mieux que l’Actéon, qui ne me ferait pas mordre par ses chiens, qui me mordrait elle-même de ses belles dents aiguës !

Sur le dessin d’un si vague penser, Amour ourdit la trame de ma vie, pour le moment, je rêve de cela, rêve et vain rêve ! Ah ! nous aurons cela une fois, et depuis les naïades et les dryades, les bois ni les eaux n’en auront tant vu.

Je suis un peu mélancolisé de n’avoir pas reçu