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je m’attendris. Non, soyons forts, comme nous le fûmes hier, sur le quai, nous souriant le cœur plein d’amertume.

Quelles heures divines j’ai eues avec toi, comme tu as ensoleillé ma vie ! Ton cœur me tient chaud, tes baisers me rafraîchissent, tes yeux m’éclairent. Fais-toi de belles robes pour me réjouir encore plus ; mets ta volonté à bien dormir, bien calmer tes nerfs ; je t’en prie, sors beaucoup, fais des courses, fussent-elles inutiles. Tu ne sais pas comme ce que tu m’as dit l’autre jour me fait peur : rassure-moi.

Adieu et à demain, ma chère poésie, ma chère âme, ma chère chair. Un jour de passé, bientôt deux. Lundi, il y aura une lettre à la Bibliothèque, si je ne puis l’envoyer rue de Var. Mardi chez toi.

P.S. Le voyage de ma sœur est remis à plus tard. De même celui de mon frère.