Page:Gourmont - Le Livre des masques, 1921.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉMILE VERHAEREN


De tous les poètes d’aujourd’hui, narcisses penchés le long de la rivière, M. Verhaeren est le moins complaisant à se laisser admirer. Il est rude, violent, maladroit. Occupé depuis vingt ans à forger un outil étrange et magique, il demeure dans une caverne de la montagne, martelant les fers rougis, radieux des reflets du feu, auréolé d’étincelles. C’est ainsi que l’on devrait le représenter, forgeron qui,


Comme s’il travaillait l’acier des âmes,
Martèle à grands coups pleins, les lames
Immenses de la patience et du silence.


Si on découvre sa demeure et qu’on l’interroge, il répond par une parabole dont chaque