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intellectuelles s’y développent et parlent. Le moment de notre histoire littéraire appelé symboliste, et qui est aujourd’hui en pleine floraison, a sonné le réveil à plusieurs clochers ; comme il réintégrait l’idée dans l’art, il l’introduisait dans la politique, substituant à une vague conception oscillatoire, la notion d’un développement indéfini de la liberté individuelle. Il n’est pas un symboliste qui n’ait, au moins une fois, abandonné la page aux belles métaphores, pour aller, en quelque journal libertaire, défendre, à côté d’ouvriers surexcités, les droits, non plus politiques, mais humains (tout simplement), non plus du citoyen, mais de l’homme. Nous fûmes tous anarchistes, Dieu merci ! et nous le sommes encore assez (je l’espère) pour respecter en nous-mêmes et en autrui le développement libre de toutes les tendances intellectuelles.

Il faut donc comprendre tout ce qu’il y a de légitime et de vrai dans la modération de M. Henri Mazel.

Comme M. Barrès, et bien davantage, car il connaît le passé mieux et plus loin, M. Mazel est un traditionaliste ; l’un a pris de M. Taine son art de philosopher sur de menus faits ; l’autre a trouvé dans le même héritage le goût de comparer aujour-