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phrase que sur un fait, sur un aphorisme que sur une sensation. Il aime les syntaxes affirmatives ; les complexités lui plaisent non pour en débrouiller l’écheveau, mais pour en certifier l’essence. Les choses disent des paroles contradictoires ; il n’en retient qu’une et il la commente ; il est simplificateur, parce que les modes de son intelligence sont successifs. Cela lui permet de tenter des analyses dont le titre seul est un prodige, et d’écrire, par exemple, une « Psychologie du Mystère » très raisonnable, puisque tout y est ramené à l’unité du moi. Le besoin de comprendre explique de tels jeux, mais résoudre une question n’est pas la même chose que de traiter une question. Quand M. Maeterlinck a écrit sur la « Parole intérieure », il n’a fait qu’enrichir de quelques étoiles la nuit profonde où se meuvent nos âmes ; quand M. Mauclair a écrit sur le « Mystère », il a détruit par son affirmation le mystère lui-même. On voit la différence des deux esprits : l’un médite et l’autre conclut ; M. Maeterlinck creuse davantage le puits, M. Mauclair le comble. Lequel de ces travaux nous sera-t-il le plus profitable ? L’un ou l’autre, selon que nous aurons besoin de boire, ou selon que nous serons désaltérés.