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— l’omnibus de le littérature étant, comme les autres, infesté de parasites.

« Celui qui ne comprend pas est donc insoffensif. Même ses morsurettes parfois sont des chatouilles ; on rit, cela décongestionne le cerveau, c’est salutaire, — et si ensuite on écrase la bestiole, avec quelle pitié !

« Celui qui ne comprend pas » est donc surtout passif, et négatif ; il est celui qui « ne… pas » ; la borne qui ne remue pas, le pavé qui ne se révolte pas, etc… Passive, sa faculté d’incompréhension est illimitée et toujours égale à elle-même ; négative, elle se façonne, elle se modèle comme cire, sur le sujet qu’il faut « ne pas comprendre », et spécialement elle excelle en les questions abstraites, — comme à peu près les « gardes » de la chanson :

Ils nous parlent de la gloire,
Nous qui n’y comprenons rien ;
Mais s’ils nous parlaient de boire,
Tous les gardes, ils le savent bien.

« Ne pas comprendre » l’idée pure, et « ne pas comprendre » l’idée désintéressée.