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bruissements des peupliers et, glorieux, cria « Je ne comprends pas ! »

Oserais-je dire que ces syllables complaisamment et vaniteusement répétées me semblent surérogatoires — et que l’attitude, la démarche, le front et l’œil de « Celui qui ne comprend pas » suffisent à indiquer son essentielle non-intelligence ? Il n’a même pas besoin de sortir et de hochéner sa queue hiéroglyphique ; – d’écrire, encore moins.

Mais, il y faut mettre de l’indulgence et surtout il faut savoir que « Celui qui ne comprend pas » a pour clients d’inepticules snobs, incapables, tout seuls, de se hausser à un degré si éminent d’imbécilité cérébrale ; c’est pour eux qu’il écrit, et, comme je l’ai déjà noté, son écriture est fructueuse.

« Celui qui ne comprend pas est-il méchant ou envieux ? Comme tous les sots, il est méchant et envieux, mais accessoirement, et d’une méchanceté si petite, d’une envie si mesquine, que c’est piqure de puce. Cela ne fait pas souffrir, cela n’incite ni a la colère, ni à la vengeance, c’est agaçant et voilà tout. Agaçant, et inévitable,