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effet, un homme pratique. Doué d’une si belle vertu, il l’exploite rationnellement et s’en fait des rentes. Tous les journaux lui sont ouverts ; sa queue magique force toutes les portes il gagne ce qu’il veut, rien qu’à écrire — avec de fins sous-entendus : « Je ne comprends pas. »

C’est un acapareur la « grande Presse » ne lui suffit pas ; il délègue à la « petite » ses lieutenants ; mais ceux-ci, beaucoup plus bornés que le Maître, dépassent souvent la mesure, étalent une stupidité qui jette le décri sur des fonctions pourtant bien honorables et bien lucratives.

Moi, je ne me plains pas ; je rencontre journellement « Ceux qui ne comprennent pas », et ils font ma joie. Je les aime ils m’incitent à me retirer dans ma vraie vocation : le Silence.

Il est à supposer, car je ne suis ni inspiré ni visionnaire, que cette figuration de « Celui qui ne comprend pas » ma été suggérée par telle bévue dont je fus victime :