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est fier de son inintelligence et des loques verbales dont il vêt sa nudité spirituelle, — et il s’exhibe, il fait le beau, et dès qu’on flatte sa vanité, qui est « Ne pas comprendre », un éventail de plumes de paon lui sort du derrière et sur chaque plume, en guise d’œil, il y a un rond où écrit : « Moi, je ne comprends pas ! »

Cette faculté fait qu’on l’estime. Il est recherché de ceux qui ne comprenant pas, ont un peu honte ; son aplomb leur donne du courage et ils se disent les uns aux autres, dès que la roue révélatrice esquisse son orbe : « Voyez, celui-ci, non plus, ne comprend pas, — et pourtant, il n’en rougit pas, au contraire ! »

Au contraire : il connaît sa valeur et n’hésite jamais à se mettre en avant. D’ailleurs, sa queue de paon aux précieux ronds est un drapeau commode et de loin visible. Il ne l’a ramassé sur aucun champ de bataille, il ne l’a ni chipé ni conquis : il l’a sorti de son derrière, et quand il le déploie, ce n’est pas pour conduire des ombres à l’assaut de vaines entités.

« Celui qui ne comprend pas » est, en