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testablement notoire) entre le petit nombre des individus humains doués d’une âme supérieure. Selon l’échelle de la vie, les membres de tel groupe d’êtres sont dissemblables de plus en plus, à mesure qu’ils se sont davantage perfectionnés : les atômes plasmiques et quasi-mécaniquement oscillants qui composent les primitives colonies animales[1] ne diffèrent pas entre eux ; leur forme est souvent cristallique, rhombes ciliés, polyèdres poilus. En montant, on distingue, à un point donné, le frère du frère, — et enfin, dans l’humanité, les individus identiques sont extrêmement rares et de négligeables exceptions. Doués d’une âme supérieure, les individus sortent du groupe formel ; ils vivent à l’état de mondes uniques ; ils n’obéissent plus qu’aux lois très générales de la graviation vitale dont Dieu est le centre et le moteur. A ce degré animique, la prédominance de l’Amour fait les grands saints, la prédominance de l’Esprit, les grands philosophes, la prédominance de l’Art, les grands artistes, — et

  1. Cf. Perrier, Colonies animales.