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C’est même pour cela qu’il est libre. Il se développe du dehors au dedans, sans préoccupations d’avoir à partager son espace avec d’autoritaires entités ; il se développe et s’enroule sur lui-même, se complique à loisir, multiplie ses fibres, ses feuilles, ses fleurs intérieures ; il se développe et croît dans l’obscurité du Moi, et il vient, au jour de l’explosion vitale, à projeter impérieusement ses végétations, elles étonnent comme des conséquences anormales, illogiques, incompréhensibles.

L’individu est anormal : on ne le classe que par les limitations imposées à ses manifestations extérieures ; intérieurement, il est anormal, il est un être dissemblable des êtres qui lui ressemblent le plus. L’Art (que je considère ici comme une des Facultés de l’âme individuelle) est donc, de même que l’individu lui-même, anormal, illogique et incompréhensible.

Or si la différenciation est évidente (ou tout au moins, microscopiquement possible à établir) entre tous les individus humains doués de l’âme, — cette différenciation devient bien plus évidente (et incon-