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liste, il doit, par un coin, toucher au non-personnel, — ne fût-ce que pour justifier son nom ; et il faut toujours être logique. Il doit s’enquérir de la signification permanente des faits passagers, et tâcher de la fixer, — sans froisser les exigences de sa vision propre, — tel qu’un arbre solide émergeant du fouillis des mouvantes broussailles ; il doit chercher l’éternel dans la diversité momentanée des formes, la Vérité qui demeure dans le Faux qui passe, la Logique perennelle dans l’Illogisme instantané, — et, néanmoins, planter un arbre qui soit si spécial, si unique de ramure d’écorce, de fleurs et de racines, qu’on le reconnaisse entre tous les arbres comme un arbre dont l’essence n’a ni sœurs ni frères.

Je sais bien que[1], par la définition

  1. « Quant au sujet absolu, la substance, elle ne peut pas être dans les phénomènes extérieurs, autrement, elle serait conditionnelle et non pas absolue. Pour que cette substance devienne une pensée, il faut qu’elle soit en relation avec le moi ; elle dépendra alors du sujet pensant. Pour que la substance soit absolue, il faut qu’elle soit la substance des phénomènes intérieurs du moi, c’est-à-dire le sujet pensant qui ne dépend que de lui-même. » Kant, Critique de la Raison pure.