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« Quelle transformation ! on m’a changé ma petite Mouette ! »

L’enfant se mit à rire, très fière de son succès, très heureuse après la besogne astreignante de marcher au grand air ; elle répondit :

« J’ai réussi n’est-ce pas à m’habiller comme une fille à marier et non ainsi qu’une gamine des grèves ? Avez-vous pensé à moi, Monsieur le curé ?

— Sans cesse. Et j’ai aussi longuement causé ce matin avec votre grand’mère. Oui, Michelle, nous avons pensé que cet étranger était l’envoyé de la Providence, et nous croyons de notre devoir de vous dire : Allez Michelle, répandez la bonne parole, l’exemple surtout, dans cette maison étrangère. Vous me paraissez destinée à une belle mission, le ciel place en vous de grandes espérances ; allez, ma fille, mes vœux vous suivent et nos prières, chaque jour, vous assisteront. »

En disant ces mots, l’excellent homme avait des larmes dans les yeux. Il serra avec émotion la main de l’enfant, qu’il avait vue grandir, et il continua devant le silence troublé de Michelle.

« Vous savez peu la vie, ma chère petite, vous allez vous trouver jetée, tout à coup, dans un milieu très différent. Vous aurez des déceptions, des envieux autour de vous, sans doute, réfugiez-vous sans cesse près du cœur de Marie, mettez-vous spécialement sous la protection de celle qui doit vous inspirer tous vos actes, se servir de vous pour faire naître l’amour de son culte, et puis soyez confiante envers votre mari, ne craignez pas de lui laisser voir votre pensée, votre affection. Par votre douceur et votre complaisance, vous le gagnerez. Ne heurtez pas ses principes ; laissez le temps faire son œuvre, les circonstances naîtront d’elles-mêmes pour vous aider. Dieu assiste les siens.