Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Roche-aux-Mouettes en absorbe la moitié ; le vent de mer s’acharne sur mon pauvre toit, et la lande est si improductive, qu’il faut beaucoup de main d’œuvre et de coûteux engrais pour lui faire donner notre maigre nourriture.

— Je sais ces choses, ma mère, et je suis heureux et fier de mettre à vos pieds l’espérance de les voir cesser. Vous me permettrez d’ajouter chaque mois à votre revenu une somme…

— Chut, Pierre, ménagez ma fierté, mon fils ; ce qui pour trois était insuffisant, sera suffisant pour deux. Je laisserai un peu plus crouler la ruine, les lierres et les liserons en cacheront les lézardes ; ma fille ayant ailleurs un abri, je n’aurai pas souci d’une masure qui encore durera plus que moi.

— Je vous en prie !

— Assez, si vous aviez la force d’enfreindre ma défense, j’enverrais de suite à M. le curé votre aumône. »

Ces mots, prononcés d’un ton ferme, ne laissèrent aucun doute au gendre de la marquise ; il soupira de regret, ce bonheur qu’il avait rêvé de restaurer serait incomplet. Du moins, il lui restait à édifier celui de sa femme et il n’y faillirait pas.