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Très timide, l’enfant s’avança ; la voyageuse alors eut un soutire, l’attira dans ses bras :

« Ma fille ! »

Michelle rendit bien l’effusion, elle retrouvait une vague souvenance.

« Maman ! quel bonheur, enfin ! Venez vite, grand’mère attend. »

Et s’emparant des sacs et menus objets, la petite entraîna sa mère.

« Tu es seule, demanda Mme Carlet.

— Oui, grand’mère ne sort jamais et Rosalie est si lasse !

— As-tu une voiture ?

— Mais… non. Lahoul attend avec son bateau au grand Bay et même hâtons-nous pour arriver avant la nuit. Venez. »

Mme Carlet eut une déception visible dans son attitude, mais sans doute elle ne trouva aucun moyen d’agir autrement, car elle suivit sa fille qui s’était chargée de tout, vaillante et rieuse.

« Ah ! ma chère maman, comme j’étais impatiente ! Alors vous restez avec nous ?

— Oui… oui, gémit l’arrivante, je suis horriblement fatiguée. Va donc moins vite. Nous allons à la cale de Dinan ?

— Eh ! non, la mer est basse, il faut filer au grand Bay. Du courage, mère, ce n’est pas bien loin tout de même. Tenez, donnez-moi encore ce livre qui vous gêne. »