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La journée fut très remplie, les parents et amis étaient fort nombreux. Le soir, les jeunes mariés partirent pour Gunterthal, escortés par la famille d’Ulric d’Urach.

La soirée réunit seuls les Hartfeld et les leurs dans le grand salon de Rantzein.

Le voile de mélancolie, jeté par tout départ définitif, planait sur le groupe.

Les fleurs déjà fanées, la débandade des choses dérangées par la fête du matin, mettait dans les cœurs une impression de tristesse.

Ils causaient peu. Au fond d’un grand fauteuil, Edvig restait inerte, Michelle, distraitement, regardait au dehors, échangeant à demi voix quelques pensées avec ses amis Rozel. Le crépuscule assombrissait le parc, couronné de la fraîche verdure printanière, et ils pensaient à tous les événements qui s’étaient accomplis à Rantzein.

Henri et Georges Lahoul gardaient un sourire, causant ensemble. Minihic et sa femme venaient de monter à leur appartement ayant à préparer leur hâtif départ du lendemain.

Le prince Alexis feuilletait de vieux albums de photographies où repassaient devant ses yeux tous les disparus, tous les éloignés de la famille, les âges successifs des enfants.

Wilhem debout, auprès du grand piano à queue où Rita venait de chanter, semblait partir très loin dans un grand rêve… Il ne remuait pas. Soudain, il dit d’une voix contenue pour ne pas jeter dans le silence une note discordante :

« Mère et tante Edvig, voulez-vous me permettre de vous faire part ici d’une grande