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« Petit-Croix, tout le monde descend pour la douane. »

Michelle eut vers le ciel un regard d’intense gratitude : Sauvés !

Elle courut au télégraphe et lança cette dépêche :

« Capitaine Lahoul,17e de ligne, Belfort. Je passe ce soir allant à Paris, neuf heures.

Michelle. »

Elle attendit à Petit-Croix le départ du train indiqué à son ami. Avec un allègement inouï, elle alla se promener en compagnie de son fils sur la lisière de France.

La joie de Minihic fut immense à la vue de celle qu’il appelait toujours sa chère maîtresse, et la bonne Elsa ne savait de quelles attentions combler la comtesse.

« Ah ! Madame, disait-elle, ce n’est pas étonnant si la première fois que je vous ai rencontrée dans le train, j’avais pour vous tant de sympathie ! »

La mère et le fils vécurent quelques jours chez ces braves gens où ils furent dorlotés, choyés. Michelle en avait tant besoin ! mais elle s’arracha à cette mollesse pour reprendre le harnais de travail, la peine de vivre, et elle s’enfuit vers Paris, toujours escortée de son cher petit compagnon. En route elle acheta un journal, le Tag-blatter[1], qui consacrait ses deux premières pages à l’éloge

  1. La feuille du jour, journal allemand qui se vend jusqu’à Belfort.