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On lut ces pages tout haut à la Roussalka. Rita s’empressa d’écrire à Michelle, de la rassurer sur sa mère, sur eux, sur Hans. Les journaux russes qui parvenaient maintenant au comte citaient le général Hartfeld au nombre des héros de la guerre. Il était décoré, prôné, mis sur un piédestal. Ces détails n’étaient pas pour réjouir vivement les deux cousines, car ce piédestal était élevé sur des défaites françaises.

« Aussitôt Max en état de voyage, dit Alexis, il faudra rentrer en Russie ; mes intérêts, depuis longtemps abandonnés, me réclament.

— Quand vous voudrez, répondit Rita ; ma patrie, c’est le ciel, et peu m’importe le coin du monde où je dois le gagner. »

Max suivait cette conversation de ses yeux expressifs. Il saisit le crayon, toujours à sa portée, avec lequel il exprimait ses désirs. Ne pouvant parler, il écrivit :

« Il faudra venir avec nous, Yvonne.

— Ah ! Monsieur Max, que dites-vous là, répondit la jeune fille, prendre une Bretonne à sa lande, une fille à ses parents. »

Il écrivit :

« Prendre suppose un vol ; moi je demande un don. Michelle est bien partie, elle ! D’ailleurs, que vous le vouliez ou non, moi j’emporte une partie de vous-même à présent. »

Les yeux de Max riaient ; elle répondit gaiement :

« Mon cœur. Oui, vous emportez une partie