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Georges Rozel incrédule haussa les épaules ; il ne croyait plus à l’aide de Michelle. Ils se remirent en marche, descendant le fleuve, ce qui, étant donné leur fatigue, était plus facile pour eux. Ils buvaient souvent, mais ils mouraient de faim. Le soleil, haut maintenant, les brûlait de ses rayons.

« Reposons-nous un peu, mon capitaine, proposa le Breton, nous devons être hors de danger, asseyons-nous un instant, sous ces bouquets de saules. »

L’officier accepta avec joie et ils s’étendirent sur l’herbe où bientôt ils dormirent de bon cœur.

Quand ils s’éveillèrent, le soleil, très oblique sur l’horizon, annonçait le déclin du jour, Minihic courut au fleuve, s’y abreuva longuement.

« Boire à la grande coupe, c’est exquis, dit-il, mais n’ayant pas tout à fait un estomac de poisson, j’ajouterais bien quelque chose au menu qui nous est offert. »

Georges, la main au-dessus des yeux, inspectait le Rhin :

« Une barque ! » s’écria-t-il.

Ces mots firent bondir Minihic. Il coupa une longue baguette, et, mettant en haut son mouchoir, il l’agita au vent. « Nous voilà comme de pauvres robinsons, mon capitaine ; le salut vient au-devant de nous, signalons notre présence. »

Georges Rozel, à genoux, invoquait Dieu ; cette première campagne était le début de la