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— Il est général, papa, tante Edvig dit que c’est un héros.

— Et vous, chers enfants, vous êtes heureux, vous jouez…

— Oui mère, nous faisons la guerre, nous aussi. Tante Edvig nous a donné cent soldats français.

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Tu vas voir : j’en ai un dans ma poche. »

À ces mots, l’enfant tira de sa poche une petite poupée habillée en costume d’infanterie française.

« Tu les reconnais, hein, les ennemis ? Tous les jours, nous les rossons. Heinrich les bouscule à coups de pied, et moi je les tue à coups de fusil.

— Tais-toi, Wilhem ! c’est un vilain jeu, tu me fais mal, mon fils, toi aussi tu as dans les veines du sang français.

— Mais, je suis le fils d’un général allemand, d’un héros, et moi aussi, quand je serai grand, je battrai les Français pour de bon.

— Alors, tu ne m’aimes pas ? »

Pour toute réponse, l’enfant jeta ses bras autour du cou de sa mère et l’embrassa à plein cœur.

« Mon Wilhem, tu ne sais pas ce que tu me fais de peine en parlant ainsi, tiens, de malheureux Français me suivent. Il faut respecter le malheur, mon enfant, et prier le bon Dieu d’ôter la haine des âmes.

— Tous les jours, nous le prions, le bon