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Cette nouvelle fut pour la jeune femme, un nouveau coup : Hans blessé ! mais enfin, elle allait le voir et comme une consolation venait sourdre en son cœur. Blessé, il ne combattrait plus, il ne mettrait plus de sang français entre lui et elle.

Elle partit de suite, absolument tranquille au sujet de Wilhem et Heinrich, que Rita aimait et soignait comme ses enfants.

« Je vous suis, Madame, fit Minihic.

— Inutile. Tu ne passerais pas. Ensuite, comme tu ne pourrais jamais tenir ta langue, tu me compromettrais. Reste avec mes fils, »

Le voyage fut extrêmement facile ; aucune entrave dans la marche des trains jusqu’à la frontière. Arrivée là, Michelle vit le casque prussien ; elle montra sa dépêche au chef du poste, qui, aussitôt, mit une voiture à sa disposition, avec toutes les marques d’un respect absolu. Et il munit le cocher d’un sauf-conduit. Cette voiture, réquisitionnée en hâte, portait la couronne et les armes d’une famille française. Dans les poches intérieures du landau, étaient encore des journaux français et des cigares.

Michelle prit les journaux et lut à cette date, 15 juillet 1870, en tête du premier article, cette phrase :

« En route pour Berlin ! soldats français, nous partons en promenade militaire ; le triomphe, une fois de plus, consacrera le drapeau tricolore. »