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IX


Le lendemain, Michelle entendait la première messe à sa paroisse. Elle n’avait pas dormi de la nuit et aussitôt que l’abbé Rozel parut à l’église, elle se hâta vers lui. Il remarqua de suite son anxiété et la fit entrer dans son cabinet. Là, elle conta sa misère :

« Mon Père, mon pieux ami, que faire, que devenir ?

— Mon Dieu, gémit le prêtre, ne permettez pas que notre chère patrie soit victime de pareilles manœuvres ! Seigneur, gardez la France de ses ennemis !

— Oh ! mon Père, sûrement nous allons avoir une catastrophe.

— J’en ai peur, mon enfant, notre pays a besoin d’une leçon, la vie est trop molle, trop lâche. Le luxe insolent n’a plus de bornes. Il faut prier avec ténacité pour le salut de la France ; demain, je dirai ma messe à cette intention. Au revoir, Michelle, puisse votre saint patron vous protéger, demandez-lui de vaincre nos ennemis comme il terrassa le dragon.

— Mais un conseil, mon Père, une ligne de conduite ?

— La soumission, Michelle, l’oubli de vous-même, ne pas vous appesantir sur vos peines, on pleure souvent sur soi sans même