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jour-là, les accompagnait. Avec une longue vue, il cherchait à reconnaître les monuments, il les nommait à ses compagnes.

Depuis quelque temps déjà, Alexis avait comblé les vœux de sa femme, en entrant tout à fait dans le giron de l’Église catholique, romaine, et il en était résulté entre les époux une nouvelle fusion d’âme, une union tellement absolue, qu’ils ne se quittaient que pour les obligations forcées, quand le prince avait à remplir une mission diplomatique au ministère ou aux Tuileries.

Michelle n’avait pas osé lui parler de ses soucis au sujet du rôle que jouait son mari. Elle trouvait plus délicat de ne pas mettre ce Russe, qui ne pouvait se placer en face du même objectif qu’elle, dans des affaires patriotiques ; mais elle parlait avec Rita et Alexis de son espoir de ramener, elle aussi, son cher mari à leur foi commune, et elle favorisait de tout son pouvoir les conversations sérieuses entre Alexis et Hans.

Le prince, tout à la joie d’une conscience heureuse, enfin entrée dans l’unique voie, avait des enthousiasmes de néophyte. Il s’exaltait en sublimes élans, rêvait de conquêtes. Sa patrie n’avait qu’un pas à faire pour connaître la lumière vivifiante. La grâce, peu à peu, l’inondait ; le bras de Dieu s’étendait vers la Russie, la rapprochait de son divin Cœur.