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PRÉFACE.

parler chacun leur langage, non-ſeulement comme ils parloient dans leur vie privée, car on ne diſconviendra pas que nos plus grands hommes ont été toujours ſimples dans la ſociété, mais éloquens, précis, énergiques, tels qu’ils l’ont été dans leurs ouvrages. Mirabeau ſur-tout n’auroit pas mérité les éloges qui lui ſont dus, s’il s’étoit exprimé comme je l’ai fait parler. Comme s’il étoit aiſé de le faire parler ſans puiſer ſon dialogue dans ſes propres écrits, comme s’il étoit aiſé de le remplacer à l’aſſemblée nationale ; Mirabeau, on ſait, quand il n’étoit pas préparé, différoit de tout en tout avec lui-mêne et vous exigeriez, quelque ſoit le ſexe de l’auteur, qu’il eut égalé ce grand-homme dans ſes plus beaux monens. Vous ſerez ſatisfaits ; mon effort ne ſera pas bien grand, il s’agit d’adopter des morceaux de ſes ſublimes diſcours à la ſubſtance de ma pièce ; je crains le disparate, mais vous l’avez voulu. Le paſſage qui m’a paru le plus heureſement ajuſté à cette pièce, eſt l’éloge que Mirabeau a fait ſur la mort de Franklin ; c’eſt Franklin lui-même qui le préſente aux champs éliſées, et qui prononce les mêmes paroles que Mirabeau a prononcé à ſon égard à l’aſſemblée nationale ; tous ceux à qui j’ai fait part de ce changement m’ont aſſuré qu’il