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ſupplie ; c’eſt pour mon fils : il n’a plus de père, il ne me reſte rien pour l’élever. Mirabeau la relève avec attendriſſement. Cet abaiſſement, madame, eſt l’effet de votre amour maternelle ; mais il m’offense. Parlez-moi ſans me prier ; que puis je faire pour vous ? Placer mon fils, s’écrie ma mère. Comme légiſlateur je n’ai aucun pouvoir particulier. Vous êtes jeune, belle, bientôt on ſuſpecteroit les ſervices que je voudrois vous rendre ; mais, madame, j’ai des amis, je les ferai agir ; c’eſt tout ce que je puis vous promettre. Il nous conduit froidement juſqu’à ſa porte. À peine ſommes-nous arrivés chez nous qu’un notaire apporte à ſigner à ma mère un contrat de douze cens livres de rente réverſibles ſur ma tête. Ma mère demande l’auteur de ce bienfait : on s’obſtine à nous le taire : nous le devinons aiſément. Nous volons chez lui, ſa porte nous eſt refuſée. Quelques jours après, je reçois le brevet de capitaine dans le régiment de Royal-Dauphin avec un bon de ſix cents livres pour mon entretien. Hélas ! je n’en ai pas joui longtems. J’ai perdu mon bienfaiteur, & ma vie a été le prix de ma reconnoiſſance.

Henri IV.

Quel age avez vous, enfant trop aimable ?

Fortuné.

Douze ans.