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bordable ; ma mère & moi nous en ſouffrions beaucoup. Elle eſt iſſue du ſang du tiers-état, c’eſt vous dire qu’elle eſt bonne patriote. Son mari prenoit plaiſir depuis quelque tems à la mortifier en metant la main ſur ſon épée. Ah ! s’il n’eut pas été mon père… mais, quelques mois après la révolution, une eſpece de langueur le mit au tombeau. Il avoit diſſipé toute la fortune de ma mère : il ne lui reſtoit que des bienfaits de la cour, & en mourant nous perdîmes toutes nos reſſources. Ma mère, plus affligée pour moi que pour elle-même, étoit au déſeſpoir. Ah ! combien l’amour d’une mère éléve ſon courage. Sans demander des avis à perſonne, elle ſe préſente à la porte de l’incomparable Mirabeau.

Mirabeau voulant lui mettre la main ſur la bouche.

C’en eſt aſſez, c’en eſt aſſez.

Fortuné

Non, je dirai tout.

Henri IV, prenant la main de Fortuné.

Aimable enfant ; pourſuis, nous t’entendrons avec plaiſir.

Fortuné

Ma mère dans les pleurs ſe jette à ſes pieds. Ce n’est pas pour moi, dit-elle, que je vous

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