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pourquoi m’en plaindre ? ſes remèdes ſans doute étoient ſuperflus. Je ne regrette que ma mère ; mais je bénis le ſort qui me rapproche de vous.

Mirabeau.

Cher enfant ! elle avoit mis toutes ſes eſpérances en toi.

Fortuné.

Dieu ! veille ſur ſes jours. Au ciel ! je t’implore pour elle : conſole la plus tendre, la meilleure de toutes les mères. Hélas ! ſi tu n’avois voulu que me ravir à ſon amour, & laiſſer ce grand homme (en regardant Mirabeau) encore ſur la terre. Il y étoit ſi néceſſaire, lui ſeul contenoit les factieux, il étoit l’appui de la veuve, de l’orphelin, & j’en ſuis un grand exemple.

Mirabeau.

Que dites-vous jeune homme ?

Fortuné, l’interrompant

Je veux dire ce que tu nous as forcé de cacher ſur la terre. On a pu t’imputer que tu n’avois pas de mœurs. On a pu te refuſer une ame généreuſe, un cœur ſenſible… ombres, écoutez. J’avois un père attaché, par naiſſance & par principes, à la vieille conſtitution. Ces chimères de nobleſſe le rendoit ſouvent ina-

bordable ;