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je me ſuis tû, ſoit parce qu’un rigoureux ſilence eſt une juſte expiation des fautes purement perſonnelles telles excuſables qu’elles puiſſent être, & ne voulant attendre que du tems & de mes ſervices l’estime des gens de bien ; ſoit encore par ce que la verge de la cenſure publique, m’a toujours paru infiniment reſpectable, même placée dans des mains ennemies ; mais lorſqu’on a attaqué mes principes comme homme public, je n’ai pû me tenir à l’écart, ſans déſerter un poſte d’honneur qui m’avoit été confié ; j’ai rendu un compte ſpécial de ma conduite. Cet aveu étoit d’autant plus important, que, placé parmi les utiles tribuns du peuple, je lui devois un compte plus rigoureux de mes opinions. Son jugement étoit d’autant plus néceſſaire, qu’il s’agiſſoit de prononcer ſur des principes qui diſtinguent la vraie théorie de la liberté, de la fauſſe ; ſes vrais apôtres, des faux apôtres ; les amis du peuple, de ſes corrupteurs ; car le peuple, dans une conſtitution libre, a auſſi ſes hommes de cour, ſes paraſites, ſes flatteurs, ſes courtiſans, ſes eſclaves. Je pris la parole ſur une matière ſoumiſe depuis longtems à de longs débats : un preſſant péril, de grands dangers dans l’avenir devoient exciter toute l’attention du patriotiſme. Ces mots de paix & de guerre ſonnoient for-