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iv

ſavez les apprécier que quand ils ne font plus ; il en eſt bien tems ! Je ne peux cependant m’en défendre, j’aime les Français, leur caractère, leur eſprit, leur folie même ; mais dans ce moment de vertige qui les égare, s’ils allaient conſpirer contre moi, je n’en ſerois pas étonné, ils en ſont bien capables ; mais je les défie de m’ateindre, je ſuis un peu trop haut pour redouter cette fameuſe lanterne ; en vérité leur révolution eſt bien originale… Ils ſont arrivés, ſans répandre de ſang, a un degré de perfection conſtitutionnelle, où toute autre nation en auroit rougi la terre. Mais feront-ils aſſez conſtans, allez raiſonnables pour ne pas détruire un travail ſi merveilleux… C’eſt-là mon ſecret ; voyons comme ils vont ſe conduire après la mort de Mirabeau ; voyons s’ils ſauront m’engager à leur nommer un ſucceſſeur à ce grand génie. Allons tout préparer aux Champs-Eliſées pour le recevoir ; ah ! combien les grands hommes de la France, vont être étonnés & affligés de le voir arriver parmi eux ; mais j’eſpère les conſoler par les dons que je vais faire à leur patrie ; je vais tout diſpoſer, & que la terre & le ciel. applaudiſſent aujourd’hui à mes bienfaits.

À meſure que le char s’enfuit dans la couliſſe, le nuage ſe diſſipe & découvre les Champs-Elysées avec les ombres.