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PROLOGUE.

LE DESTIN, dans un char.

Je viens de faire trancher les jours du grand Mirabeau. J’ai vu trembler pour la première fois la main de la parque ; un enfant a ſuivi de près ce grand homme, tel étoit mon deſſein…

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Il faut convenir que l’eſpèce humaine est bien bizarre ; quel uſage fait-elle du génie qu’elle a reçu de la nature, en préférence à tous les autres animaux ? foibles mortels ! que vous êtes loin du bonheur que vous cherchez ! Il eſt cependant ſi près de vous, mais la dévorante ambition qui vous tourmente, mais cette ſoif inſatiable de vos intérêts particuliers vous fait empoiſonner tous ces dons que le ciel a répandus ſur la terre ; ah ! ſi je ne veillois pas à leur proſpérité, les hommes s’entregorgeroient enſemble & ſans ſavoir pourquoi. Quel exemple de morale je donne aux Français, en leur enlevant à la fleur de l’âge, un de leur plus fort ſoutien. Ils murmurent actuellement contre ma rigueur : hommes injuſtes, jettez un regard profond ſur vos inconſéquences, ſur vos préventions, & vous reconnoîtrez tous vos torts : vous n’avez perſécutez & vous ne perſécutez encore que ceux qui ſe ſacrifient pour le bien public. Vous ne