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PRÉFACE.

qu’il l’aura décidé. Mirabeau contenoit ces deux partis, en maraudant, dit-on, ſur tous les deux ; il faiſoit ſon profit et celui de l’état pour être fidèle aux principes conſlitutionnels ; ſa véritable ambition était de ramener l’ordre. Il falloit, diſoit-il, dans l’origine, quelqu’un pour graiſſer les roues du chariot populaire, et nous avons trouvé le dindon. Ce dindon n’eſt pas difficile à reconnoître, on dit qu’il recommence encore ſes glapiſſemens, et qu’il chante de nouveau ; ne ſais pas pourquoi il n’eſt pas venu dans l’eſprit de nos graveurs de faire la caricature du dindon couronné ; de toutes ſes dépenſes il ne lui reſte, dit-on, que la rage, et il fomente encore une ſéditon. Le poltron ! le lâche ! peut-il s’aveugler ſur la juſtice, ſur le caractère de l’eſprit français ? peut-il oublier ſon averſion pour les traitres ? peut-il oublier que du ſoir au matin la haine prend la place de l’amour, et quelques ſoient les ſacrifices qu’il a fait de fa fortune, il n’a jamais poſſédé l’eſtime publique, il ne régnera jamais que dans la boue. Comment tout factieux ne frémit-il pas, ne redoute-t-il pas le châtiment que réſerve à ſes attentats la vengeance publique : miſérable ! eſt-ce là les moyens que vous employez pour ſervir la patrie ! des deux côtés elle eſt trahie, des deux côtés elle eſt déchirée et le peuple qui

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