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PRÉFACE.

l’ai dit, cette cour eſt fatale ; ceux qui la compoſent ſont aimables, inſinuans, ſurtout les femmes, et nos miniſtres ſont des hommes, on en fait bientôt des dieux, et ils le croyent. Le ſalut de l’état eſt entre leurs mains, et il eſt ſi doux de ſe diviniſer ; voilà à-peu-près l’adulation que les courtiſans employent auprès des miniſtres ; mais les tems font changés, et cette vieille politique de cour n’eſt plus de mode. Pour ſe ſoutenir en place aujourd’hui, le ſecret n’en eſt pas merveilleux et l’effort n’en eſt pas pénible : il ne s’agit que d’être impartial et ſincère ; qu’ils n’oublient jamais cette morale, et j’aſſure que tous mourront honorablement dans leur place.

Les projets incendiaires, combinés avec tant d’art par les factieux, et auſſitôt déjoués, ſément l’allarme et perpétuent l’anarchie. Les uns craignent véritablement pour le roi, ſes faux amis viennent à l’appui de cette crainte, et l’on conclut qu’il faut ſouſtraire ſa majeſté à la fureur des deux partis : le roi n’a rien à craindre, et s’il venoit à diſparaître le royaume ſeroit boulverſé, tout ſeroit livré au ſang, aux flammes, et l’état ſeroit perdu ſans reſſources. Mais quelques ſoient leurs atteintes, la malle des bons citoyens eſt trop formidable pour que le roi ſoit en danger ; le roi doit être libre et peu ſans crainte aller dans ſes maiſons de campagne toutes les fois