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ENCORE UNE PRÉFACE.

LE lecteur ne manquera pas de dire, cette femme aime bien à préfacer : patience lecteur, je vais tâcher que celle-ci ſoit du moins utile.

Je ſerois tentée de croire que la nature a placé en moi le don de prophétie ; ſi j’avois été fanatique, ah ! combien de miracles j’aurois déjà faits ! Tous mes écrits en pétillent ; on n’y croit pas, parce qu’on les a ſous les yeux, mais un jour on les citera. Ce qui m’encourage à revenir à mes miracles patriotiques, c’eſt que l’athéiſme m’aſſure que, je n’ai point comme Jeanne d’Arcq, à redouter la ſainte grillade ; je pourrois peut-être craindre la lanterne nationale, mais on aſſure que ſes nobles fonctions ſont ſuſpendues, ainſi je vais uſer de tous mes droits de citoyenne libre et zèlée patriote.

Depuis quinze ans j’ai prévu la révolution, de plus grands politiques l’avoient prévu de plus loin ; M. de Saint-Germain et la reine l’ont au moins dévancée de plus de trente ans, non comme le public l’interprête ; le vieux bonhomme St.-Germain a fait machinalement ſes ſoupçons ſur la maiſon du roi, ſans avoir le