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PRÉFACE.

l’on a employée pour empoiſonner tout ce que j’ai fait de méritoire, ſeroient propres à me donner de l’orgueil, puiſqu’il eſt vrai qu’on me traite et qu’on me perſécute en grand-homme ; ſi je pouvois me le perſuader, je réaliſerois le projet que j’ai formé de me retirer entièrementde la ſociété, d’aller vivre dans la ſolitude, étudier nos auteurs, méditer un plan que j’ai conçu en faveur de mon ſexe, de mon ſexe ingrat ; je connois ſes défauts, ſes ridicules, mais je ſens auſſi qu’il peut s’élever un jour ; c’eſt à cela que je veux m’attacher. Cet ouvage eſt de longue haleine, et je ne le préſenterai pas du matin au ſoir ; je veux faire cependant mes adieux comiquement à mes concitoyens ; après avoir mis les morts au théâtre, je veux y mettre les vivans ; je veux me jouer moi-même, ne point faire grâce à mes ridicules pour ne point épargner ceux des autres ; je n’ai pas trouvé de plus vaſte plan, ni de plus original que madame de Gouges aux enfers. On ſe doute aiſément que je me trouverai là avec des perſonnages dignes de mon attention et de mon reſſentiment ; les comédiens français, par exemple… mes bons amis… les bons auteurs qui m’ont reproché impitoyablement leurs fameuſes obſervations ſur quelques ſynonimes, et qui