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L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

CORALINE.

Hélas ! bientôt mes pauvres camarades ne ſeront plus.

Mme  DE SAINT-FRÉMONT, avec empreſſement.

Non, mes enfans, ils ne périront point : mon mari ſera touché de mes larmes, du déſeſpoir de cette Étrangère, qui, peut-être mieux que moi, ſaura l’émouvoir. Son cœur n’a pas beſoin d’être ſollicité pour faire le bien ; mais il peut tout prendre ſur lui. (À part.) Et ſi cette Françoiſe lui donnoit des renſeignemens ſur ſa fille ! Grand Dieu ! il devroit tout à ces victimes que l’on traîne au ſupplice. (Haut.) Allons, Betzi, il faut joindre mon mari, lui dire… Mais dans ce moment, comment entrer en explication ? Il faut que je le voie moi-même. Où eſt-il maintenant ?

CORALINE.

Je ne ſais préciſément avec quel régiment il eſt : toute l’armée eſt diſperſée. On dit ſeulement que M. de Saint-Frémont ramène le calme & remet l’ordre partout où il paſſe. Il ſeroit bien difficile de le trouver dans ce moment. Il n’y a qu’à nous rendre dans l’habitation, ſi déjà on ne nous y a pas devancées. Mais les chemins ſont rompus ou coupés. On