Zamor, je ne crains que pour toi ; le ſupplice n’a rien qui m’effraie ; je bénirai mon ſort ſi nous terminons nos jours enſemble.
Ô ma Mirza ! que tu m’attendris !
Hélas ! qu’as-tu fait ? mon amour t’a rendu coupable. Sans la malheureuſe Mirza tu n’aurois jamais fui le meilleur de tous les Maîtres, & tu n’aurois pas tué ſon homme de confiance.
Le barbare ! il t’aima, & ce fut pour devenir ton tyran. L’amour le rendit féroce. Le tigre oſa me charger du châtiment qu’il t’infligeoit pour n’avoir pas voulu répondre à ſa paſſion effrénée. L’éducation que notre Gouverneur m’avoit fait donner ajoutoit à la ſenſibilité de mes mœurs ſauvages, & me rendoit encore plus inſupportable le deſpotiſme affreux qui me commandoit ton ſupplice.
Il falloit me laiſſer mourir ; tu ſerois auprès de notre Gouverneur qui te chérit comme ſon enfant. J’ai cauſé tes malheurs & les ſiens.