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fourgon rapide s’éloignait par la coulisse du fond.

Seul, un homme debout, M. A…, disait : « Enfin ! me voici tranquille ! cet innocent a payé pour moi ! Dieu ait son âme ! »

Tout à coup, un personnage, M. B…, porteur d’une valise, apparaissait, et allait frapper à la porte d’une maison : Pan ! pan ! pan !

Le premier monsieur disait en aparté : « Qui donc frappe ainsi à la porte du guillotiné ? » Puis, s’adressant au nouveau venu : « Monsieur, cette maison est close, le malheureux qui l’habitait vient d’être exécuté à l’instant même. »

« Ciel, clamait l’autre, mon frère ! mon frère ! ce n’est pas possible ! » — « Son frère ! murmurait M. A…, hélas ! » — Et le frère du guillotiné s’écriait : « Mon frère est innocent ! j’en suis sûr ! je trouverai le coupable ! »

M. A…, demeuré seul, se disait : « Il ne retrouvera pas le coupable ; mais je dois une réparation, sinon au guillotiné, hélas ! au moins au survivant, à ce frère infortuné. »

Au deuxième acte, M. A…, très riche grâce à son crime, pour lequel le frère de M. B… avait été guillotiné, donnait, en réparation d’honneur,