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Qui qu’est gueux ?
C’est-y nous
Ou ben ceux
Qu’a des sous ?
Quel travail à grand orchestre !
C’est pas fait pour les envier.
Ça va depuis l’premier d’janvier
Jusqu’au soir de Saint-Sylvestre.

Ce spectateur finaud conclut :

Allez, allez, dans la terre
J’tez vot’ blé ! Mais quel guignon !
Faudra m’couper mon quignon
Dans vot’ pain d’propriétaire.
Qui qu’est gueux ?
C’est-y nous
Ou ben ceux
Qu’a des sous.

Surtout dans la pièce intitulée : les Oiseaux de passage, se montre le pur dédain que professent les gueux, libres et fiers de leurs soucis, envers les volailles de basse-cour, dont la vie platement heureuse n’est pas faite pour séduire les aventureux oiseaux de passage.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et, quand vient le moment de mourir, il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : « C’est là que je suis née,
Je meurs près de ma mère et j’ai fait mon devoir. »