Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contraire, il semble nécessaire que l’on parte d’une doctrine absolue, que l’on impose ou que l’on fait accepter aux lecteurs. Car le lecteur est dérouté dans son esthétique, tandis que le spectateur accepte tout. Il y a entre l’abonné et le spectateur qui passe, la même différence qu’entre un amateur de tableaux qui veut composer une galerie, et celui qui va au Salon ou aux musées, se laissant aller à ses impressions mobiles.

D’ailleurs, trop de juvénile audace dans une Revue détonne, depuis que ce terme de Revue est devenu synonyme de jansénisme outrancier. Une Revue doit avoir des jupes amples, et doit se passer de cuisses.

Le journal l’Hydropathe, lui, ne fut pas sérieux, peut-être pas assez, et quelquefois versa dans le pur tintamarre. À quoi donc pensait le rédacteur en chef ? hélas ! il n’avait qu’une autorité médiocre sur le terrible créole Paul Vivien, qui en était le directeur, le bailleur de fonds, l’impresario, le factotum, la vie en un mot, ni sur le subtil Georges Lorin, qui, sous le pseudonyme de Cabriol, était le dessinateur attitré des personnages hydropathiques, et choisissait ses héros à sa guise, et — chose dure à avouer — ce rédacteur en chef n’avait peut-être