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Le christianisme a essuyé d’autres tempêtes et repoussé d’autres attaques pendant les dix-neuf siècles de sa longue carrière ; ce n’est certes pas pour succomber à celles que soulève le souffle de l’esprit moderne à la fin du dix-neuvième siècle. Il en sortira sain et sauf, fortifié très vraisemblablement ; à une condition cependant : c’est que la défense soit intelligente, vigoureuse et méthodique, et suive les mouvements et les détours de l’attaque. Une bonne méthode apologétique est la plus pressante nécessité du temps présent.

La possédons-nous ? Nous hésitons à répondre, nous défiant à juste titre de nos lumières. Cependant il nous paraît que les méthodes apologétiques en usage de nos jours en France, si toutefois on peut donner le nom de méthodes à des procédés de discussion très incohérents et très peu méthodiques, sont absolument insuffisantes. Nous avons une apologie de conférences populaires et de publications périodiques, revues et journaux, de laquelle il serait injuste de dire du mal, parce qu’elle fait du bien par notre temps de vulgarisation de toutes les connaissances et de tous les débats, mais qui, bien évidemment, ne suffit qu’en partie aux exigences et aux périls du temps présent.

Que nous sommes loin de nos vieilles apologies ! Nous ne voulons pas dire que l’antiquité fasse la règle, car alors, connue le dit Pascal, les anciens eussent été sans règle, mais elle peut nous fournir d’excellents modèles. C’est même le seul moyen d’être original et fort, en apologie comme en toute autre matière, que de puiser abondamment aux sources du passé. On n’invente plus rien en philosophie ; on ne peut plus rien inventer non plus en apologie. Il y a longtemps que l’esprit humain a donné