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ne sont pas les premiers, mais qui n’en sont pas moins importants. C’est parce que, dans sa vaine présomption, elle regimbait contre la loi du commun partage, qu’elle a été réduite à merci. De la raison mal informée, l’apologiste chrétien en a appelé à la raison mieux informée, et celle-ci s’est mise d’accord avec le cœur, et a déclaré que le christianisme est divin. Et il en résulte la plus lumineuse des certitudes, la plus générale, la plus harmonique des satisfactions. Pascal l’avait éprouvé pour lui-même. Dans la nuit mémorable de sa conversion[1], il résuma sur un parchemin, qu’il porta sur lui jusqu’à la fin de sa vie, les impressions nouvelles qui l’avaient transporté et transformé :

« Feu.

Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob,

Non des philosophes et des savants.

Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. »[2].

L’élan est sublime ; mais la logique garde ses droits. D’abord la certitude, qui est double ; puis, et par elle, les sentiments de l’âme, la joie, la paix. Voilà le résultat de l’épreuve, et le dernier mot de l’apologie.

Nous n’avons pas oublié les droits ou les prétentions de l’Eglise en matière d’autorité religieuse, pendant la digression que nous venons de faire, ni les droits prétendus de la tradition. « Si l’antiquité, dit Pascal, était la règle, les anciens étaient donc sans règle ? Si le consentement général, si les hommes étaient péris. » (XXV, 49).

Quant à l’Eglise, a-t-elle, d’après lui, à un titre quelconque, une autorité quelconque ? Nous ne nous arrêterons pas à relever les inconséquences de sa situation, vis-à-vis

  1. 23 nov. 1654.
  2. Havet, I. cvi.