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Cette seconde partie de l’apologie de Pascal, la plus importante, puisque c’est celle de la démonstration positive, est pourtant bien moins développée que la première. C’est que son importance ne doit pas se mesurer à son étendue ; elle comporte en réalité un développement bien moins considérable que la partie dite sceptique. Une fois, en effet, que dans sa première partie, au prix du puissant effort de pensée que l’on sait, Pascal a amené son interlocuteur, selon le dessein qu’il se proposait, « à être prêt et dégagé de passions, pour suivre la vérité où il la trouvera », quand d’avance il lui a montré cette vérité si aimable que son plus vif désir soit de la posséder, alors le pas qu’il lui reste à franchir peut bien valoir « à lui seul toute la distance », ainsi que le dit Vinet, mais ce n’est qu’un pas, et un pas est toujours vite franchi. En tout cas, nous le franchirons nous-même rapidement, parce que nous sommes sur un terrain très connu, et qu’à partir de ce moment, l’apologie de Pascal, sans pour cela cesser d’être forte, cesse d’être originale.

Pascal se livre donc à une étude de fond de la religion chrétienne. Les traits qui le frappent en premier lieu et qui lui paraissent la caractériser, c’est son universalité et sa perpétuité. Il la voit d’abord en germe et en figures dans les anciens monuments de la religion juive, dans l’histoire des dispensations de Dieu à l’égard de l’humanité primitive, dans l’histoire des patriarches, dans l’histoire du peuple juif surtout, choisi de Dieu pour conserver dans le sein de l’humanité ce germe précieux et le faire éclater au temps prescrit. Il la voit surtout, encore figurée, symbolisée, dans le culte cérémoniel. Puis il la montre se dégageant peu à peu par des prophéties toujours plus nombreuses et plus précises, des symboles qui