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car il y a en lui une nature capable de bien… Qu’il se méprise, parce que cette capacité est vide. (I. VIII.) S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante et le contredis toujours jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. (8. 14.) »


CHAPITRE II
l’homme naturel et le christianisme. — Les contradiction résolues ; Les besoins satisfaits ; Le scepticisme des « Pensées » ; Pascal et Montaigne ; Pascal et Descartes ; Pascal et Kant.

Le dernier mot de Pascal est donc : « L’homme est un monstre incompréhensible ».

Ce dernier mot lui fournit une nouvelle entrée en matière, un point de départ nouveau, une transition naturelle aux questions centrales de l’apologie. « Quelle chimère est-ce donc que l’homme ! quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige !.. Qui démêlera ce tembrouillement ? (VIII. 1). »

« L’homme est visiblement égaré et tombé de son vrai lieu, sans pouvoir le retrouver » (VIII. 12). Qui le lui fera retrouver ?..

Il y a donc deux choses à faire, impérieusement réclamées par une telle condition : la première est une énigme à déchiffrer, une équation à résoudre, un embrouillement à démêler ; la seconde, un vide immense à combler, de profonds besoins à assouvir, une restauration à opérer. La religion qui pourra justifier de sa capacité à remplir