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ne pouvait plus voir Rybine ; elle remonta les quelques marches. Sa poitrine était brûlante, et quelque chose de vaguement joyeux y palpitait…

— Paysans ! Cherchez les petits papiers, lisez-les, ne croyez pas les autorités et les prêtres, qui vous disent que ce sont des impies et des rebelles, ceux qui vous apportent la vérité… La vérité s’en va en silence par la terre, elle se cherche un asile dans le sein du peuple… La vérité est votre meilleure amie ; pour les autorités, c’est une ennemie jurée, c’est pourquoi elle se cache…

De nouveau, quelques exclamations résonnèrent dans la foule.

— Écoutez, frères !

— Ah ! mon pauvre homme, tu es perdu !

— Qui t’a trahi ?

— Le prêtre ! répondit l’un des gardes.

Deux paysans lancèrent une bordée d’injures.

— Attention, camarades ! avertit une voix.


XV


Le commissaire de la police rurale arrivait ; c’était un grand homme robuste, à la figure ronde. Il avait sa casquette sur l’oreille ; une pointe de sa moustache se redressait, l’autre descendait, ce qui tordait son visage, déjà défiguré par un sourire mort et stupide. De la main gauche il tenait un petit sabre, et il agitait le bras droit. On entendait le bruit de ses pas fermes et pesants. La foule s’écartait devant lui. Une expression d’accablement morne apparut sur les physionomies. Le tumulte s’apaisa, disparut comme s’il se fût enfoncé dans la terre. La mère sentit que la peau de son front tremblait ; une chaude buée monta à ses yeux. Elle eut de nouveau envie d’aller se mêler à la foule, elle se pencha et se figea dans une attente angoissée.

— Qu’y a-t-il ? demanda le commissaire en s’arrêtant devant Rybine et en le toisant. Pourquoi ses mains ne sont-elles pas liées ? Pourquoi cela, garrottez-le !

Sa voix était aiguë et sonore, mais incolore.